UNE EXPOSITION SUR LE BOCAGE D’HIER ET D’AUJOURDUI

L’exposition a été conçue autour de 7 tableaux de Lucien Poudras, une série de photos réalisées par Bernard Bretonneau et une installation d’Alastair de Grandis et David Steer

Lucien Pouedras

 Entre Baud et Languidic (56) des paysages reconstitués

Lucien Pouedras , né dans la campagne morbihannaise se remémore les paysages autour de la ferme familiale de son enfance.Il les représente tels qu’un enfant les verrait juché sur un arbre

Les vaches et la lande

Nous sommes en mars. Le printemps s’annonce mais les traces de l’hiver sont bien présentes.
La sève monte et les bouleaux ont abandonné leur blanc pâle pour se teinter de rose en attendant l’apparition de leurs petites feuilles.
A l’abri, le long des talus, l’herbe reprend vie.
Les jours sont plus longs mais les greniers à foin sont vides, les choux et betteraves épuisés alors sans attendre, les enfants doivent conduire les vaches à la lande.
La lande étant à disposition de la communauté, deux ou trois enfants étaient nécessaires à la surveillance de 5 ou 6 bêtes.
Ceux qui préparaient le certificat d’étude en profitaient pour apprendre les leçons d’histoire et de géographie, tandis que les autres organisaient des jeux (cache-cache, balançoire et tenet).
Quand le froid était présent nous étions autorisés à allumer un feu et à griller des châtaignes.

Sur le chemin de l’école

Plus qu’un retour, c’est la fin de l’année scolaire début juillet.
Ce jour-là mon ami Robert m’avait offert une place et quelle place.
Sur son dos, pas question de lâcher prise ni de l’étrangler.
La parcelle de seigle était fendue par notre sentier d’ou le plaisir, à toute vitesse, de passer ainsi au-dessus des épis !
Il s’agissait d’une parcelle gagnée récemment sur la lande par le défrichage et en dépit des menaces du propriétaire nous n’avons jamais renoncé au tracé initial de notre sentier !
Dès que le champ était labouré, nos sabots de bois reprenaient leur droit.
Le petit village que nous traversions s’appelait Kreiz Koad (milieu de bois).


Le feu à Lambézegan

Une grande tragédie.
Le chaume constituait une proie facile pour le feu, et tout incendie qui se déclarait signifiait la destruction de toute la longère.
Ce type d’accident était heureusement très rare. En cette période des foins, il fallait être plus vigilant que jamais. Les vieux, pour lesquels la prairie était trop loin, assurait la surveillance.
Le cheval a compris avant tout le monde qu’un drame se prépare. C’est à partir de la chapelle que les secours sont appelés. Ma grand-mère, sur la charretée de foin plus haute que les autres, indique la direction de l’incendie. Tous les hommes se rendent le plus rapidement possible sur les lieux avec leurs seaux à la main

Trois chantiers de la lande

Si la lande était avant tout une friche plus ou moins ouverte pour le bétail elle était cependant divisée en zones suivant la nature du sol et de son exposition.
Trois catégories étaient distinguées
Les zones de bruyère produisaient de la litière tranchée à la houe et mise en petites meules bien tassées.
Les zones dîtes « Lan Goh »
L’ajonc montait à 2m50, pour produire du bois de chauffe très apprécié après une croissance lente d’une quinzaine d’années.
Les zones d’ajonc à cueillir
De qualité moyenne cet ajonc venait compléter l’ajonc dit fourrager, semé dans les « Lannec » à la lisière des parcelles cultivées.
Cet ajonc était bien souvent destiné à l’alimentation des vaches, haché et mélangé au lierre et houx en février et mars


Sur le sentier de l’école : passage du gué


C’est le printemps, les sentiers de traverse deviennent praticables.
Ce sentier passe par une zone très humide
Le talus laisse de part et d’autre des « flourennes ».
Le ruisseau est franchi en sautant d’une pierre à l’autre c’est un gué sommaire.
Sur le talus, les racines des chênes délimitent et repèrent les pas.
Si le gué est particulièrement lagre c’est pour mieux retenir l’eau quand les vaches viendront à s’abreuver en été.
Les adultes observent que tout se passe bien y compris pour les plus petits. Ils profitent ( !) pour faire des recommandations à propos de la barrière trop souvent laissée ouverte après le passage.



Dans les prairies fin juin


Généralement, le ruisseau constituait la rencontre des sous-bois et des prairies en partie basse du versant.
Dans le cas présent il s’agit d’un vallon plus large ou le ruisseau réunit les deux versants humides.
Fin juin l’heure du foin a sonné.
Dans les sous-bois le genet abandonne son jaune vif alors que les digitales et la bruyère retrouvent leur couleur carmin.
Le long du ruisseau, myosotis, iris jaune, et reine des prés sont en pleine floraison.

La lande sous la neige

Sur la lande gelée, une fine couche de neige s’est posée dans la nuit.C’est Janvier.Rien ne bouge, les oiseaux se taisent, la lande poursuit son sommeil.
Seul un renard a pris le risque de quitter son terrier espérant surprendre un oiseau engourdi par le froid.
Personne ne se présentera avec ses outils.Pas question de faire des fagots, de ramasser des feuilles ou de réparer les ruisseaux.
Il y a tant à faire dans les villages à l’abri sous les toits : maintenir le feu, réparer les outils, soigner les animaux dans les étables, visiter un voisin le temps de saluer un ancien resté dans son lit, de bavarder autour d’un cidre chaud. « Amzer zo » (*)
Cette lande était exploitée par trois villages. Les ornières gelées laissent apparaître les cheminements des charrettes venant retirer fagots, litière, ajonc et foins des prairies occupant les parties humides.
L’on peut également deviner le passage des piétons empruntant les sentiers de traverse allant d’un village à l’autre.
Cette fine couche de neige laisse apparaître ici ou là le jaune des ajoncs en fleurs.
(*) « Amzer zo » : rien ne presse.

Bernard Bretonneau

 LIEUX
paysages maël-carhaisiens

Face aux tableaux et à l’installation, une série de photos créées par Bernard Bretonneau. Ce photographe a parcouru la commune de Mael-Carhaix depuis le mois de décembre. C’est un  travail remarquable sur les paysages maël-carhaisiens d’aujourd’hui qu’il nous présente : 25 photos encadrées, 50 photos en album et un carnet d’exposition que l’on peut acheter. Une vision des paysages d’ici et d’aujourd’hui qui répondent à ceux de Lucien Pouedras.

Contrastes, géométrie, couleurs,nuances…

s

David Steer et Alastair de Grandis

 Installation
La ferme

Pour les petits et les grands , Alastair et David ont imaginé une ferme comme il en existait dans les années 1950 quand Lucien Pouedras était enfant. Chacun peut déplacer les pièces et envoyer une photo aux artistes.

Des personnages mobiles 

qui ont amusé

les petits et les grands